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Des milliers de tonnes de déchets se sont accumulées dans les rues de la capitale française après une semaine de grève des éboueurs contre la réforme des retraites du gouvernement – un élément clé du second mandat du président Emmanuel Macron.
Des arrêts de travail dans trois usines d’incinération en dehors de la capitale ont laissé des trottoirs couverts de sacs noirs et des poubelles débordantes.
Le Syctom de la capitale a indiqué qu’il redirigeait les camions poubelles vers d’autres sites de stockage et de traitement de la région et n’avait pas encore recours à la police.
La mairie de Paris a indiqué dimanche que 5.400 tonnes de déchets restaient non collectés.
Les employés de la mairie sont chargés de ramasser les ordures dans la moitié des arrondissements de Paris, dont les 5e, 6e et 16e arrondissements huppés.
L’autre moitié est desservie par des entreprises privées qui ne sont pas en grève.
Arrêts de travail roulants
Le syndicat d’extrême gauche CGT, qui représente la majorité des éboueurs de la capitale, a déclaré une grève “prolongée” pour protester contre la réforme des retraites du gouvernement.
Selon le CGTles éboueurs et les chauffeurs peuvent actuellement percevoir une retraite minimale de base à partir de 57 ans.
En vertu du projet de loi sur la réforme des retraites, actuellement en cours d’examen au Parlement, ils devraient travailler deux ans de plus.
L’espérance de vie des éboueurs est de 12 à 17 ans inférieure à la moyenne du pays dans son ensemble, selon la CGT.
La collecte des ordures “plus facile qu’avant”
Dans le chic 16ème arrondissement, à deux pas du tour Eiffelun habitant du quartier prend des photos des tas de sacs poubelles qui jonchent le trottoir.
“C’est deux mètres de haut après trois jours de frappe, à ce rythme ça fera 10 mètres de haut dans quelques jours”, a-t-il déclaré à RFI.
Un autre habitant dit avoir dû faire un détour pour rentrer chez lui. “Nous aurons des rats et des souris, ce n’est pas normal.”
Il n’est pas d’accord avec le fait que les éboueurs ont des tâches difficiles.
“Certains emplois sont plus difficiles”, dit-il. “Je suis carreleur, c’est un métier difficile. Ramasser les ordures est plus facile qu’avant, ça devient un métier recherché.”
Cependant, un jeune couple montre son soutien aux éboueurs en grève.
“Ils agissent fort, l’arrêt est significatif”, assure la jeune femme tandis que son compagnon estime que cela va “faire prendre conscience au public de l’importance des éboueurs”.
Opposition à la réforme
Une dame au chignon passe devant les montagnes d’immondices puantes et se pince le nez. “C’est épouvantable, après le Covid on va vers le choléra”, dit-elle.
La principale mesure de la réforme est de relever l’âge minimum général de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
Les sondages montrent que la majorité des Français s’y opposent et la considèrent comme injuste pour les personnes qui commencent à travailler tôt.
Samedi, le Sénat français voté en faveur de la réforme. Il sera examiné par un comité mixte de législateurs des chambres basse et haute, probablement mercredi.
Un vote final dans les deux chambres devrait avoir lieu jeudi.
(avec AFP)