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Les associations d’agriculteurs français se disent irritées par ce qu’elles considèrent comme la dernière attaque contre leurs moyens de subsistance : une recommandation de la Cour des comptes française de réduire les troupeaux de bovins dans le cadre des efforts visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

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La Cour des comptes, l’organe chargé d’évaluer les dépenses publiques, a conseillé cette semaine au gouvernement français de définir “une stratégie de réduction des troupeaux bovins” conformément à l’engagement de la France à réduire les émissions de méthane.

Ces engagements “appellent nécessairement une réduction significative du cheptel”, a écrit le tribunal dans le cadre d’une évaluation des importantes subventions que la France alloue aux éleveurs de bovins et laitiers.

Il est venu alors que le gouvernement dévoilait un nouveau plan pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serrevisant une réduction de 50 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990.

Cela inclut un objectif de réduction des émissions de l’agriculture de près de 20% sur la même période, sans préciser comment.

Les agriculteurs « blessés »

Avec plus de vaches que tout autre pays d’Europe, on estime que les élevages bovins français génèrent près de la moitié de toutes les émissions du secteur agricole français et environ 12 % des émissions du pays dans son ensemble.

Le secteur sait qu’il a un rôle à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique, mais couper les troupeaux n’est pas la solution, selon Arnaud Rousseau, président de la Fédération nationale des syndicats agricoles, FNSEA.

Il a dit Infos France radio que ses membres étaient « irrités et blessés » par les conclusions du tribunal, qu’il a qualifiées de simplistes.

Rousseau a souligné des mesures alternatives telles que la modification du régime alimentaire des vaches pour réduire la quantité de méthane qu’elles produisent en digérant.

Pendant ce temps, l’Association française interprofessionnelle des bovins et de la viande, Interbev, a fait valoir dans une déclaration que les pâturages sur lesquels paissent les vaches aident à capter les émissions de carbone et à protéger biodiversité.

La réduction des troupeaux français ne ferait que conduire le pays à importer plus de bœuf, a-t-il averti, et à partir de sources qui pourraient être moins durables.

Le tollé a incité le ministre français de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, Marc Fesneau, à publier une longue défense sur Twitter, dans laquelle il a souligné les avantages environnementaux de l’agriculture et a conclu que “nous avons plus que jamais besoin des éleveurs”.


L’exemple néerlandais

Mais même en tenant compte des avantages, l’élevage bovin reste l’un des maillons les plus émetteurs de la chaîne alimentaire.

Non seulement les vaches produisent du méthane, un gaz à effet de serre plus puissant que le dioxyde de carbone, mais de l’oxyde nitreux encore plus nocif est libéré à la fois par les engrais utilisés pour faire pousser des aliments pour le bétail et par le fumier laissé sur place.

Et les études indiquent que efforts pour réduire les dommages climatiques du secteurtels que les compléments alimentaires qui réduisent les gaz ou la sélection sélective de variétés moins gazeuses, ne compenseront au mieux qu’un petit pourcentage des émissions.

Ces facteurs ont conduit les Pays-Bas, qui comptent quelque quatre millions de têtes de bétail contre plus de 17 millions en Francedécidé de réduire de près d’un tiers le nombre d’animaux qu’elle élève.

En 2021, le gouvernement a alloué plus de 24 milliards d’euros pour racheter les éleveurs au cours de la décennie suivante.

Ce plan a déclenché de vives protestations de la part des agriculteurs, qui ont formé un nouveau parti politique et balayé les élections régionales plus tôt cette année, laissant sa mise en œuvre incertaine.

Troupeaux en déclin

Même sans intervention gouvernementale, le nombre de vaches élevées en France baisse depuis plusieurs années.

Selon les chiffres officiels, en 2021, il s’élevait à 17,3 millions, contre 19,1 millions en 2011 et 20,3 millions en 2000.

Le ministère français de l’Agriculture prévoit qu’il continuera de baisser pour atteindre environ 15 millions d’ici 2035 et 13 millions d’ici 2050.

La Cour des comptes indique que les faibles revenus et les conditions de travail difficiles sont les raisons pour lesquelles certaines exploitations bovines réduisent ou ferment complètement.

Au lieu de soutenir l’ensemble du secteur avec des subventions coûteuses, suggère son rapport, le gouvernement devrait revoir ses politiques pour mieux soutenir les exploitations agricoles durables et encourager les autres à adopter des pratiques de réduction des émissions.

Les agriculteurs dont les activités ne sont ni rentables ni durables devraient être aidés à se recycler pour d’autres emplois, recommande-t-il.





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