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Des centaines de milliers de travailleurs français se sont rassemblés jeudi dans une nouvelle manifestation de colère contre la réforme des retraites du président Emmanuel Macron, les manifestations devenant violentes à Paris et dans d’autres villes dans une confrontation qui ne montre aucun signe de ralentissement.
Les rues de Paris ont vu des affrontements entre manifestants et policiers lors d’une grande manifestation, les forces de sécurité tirant des gaz lacrymogènes et chargeant la foule avec des matraques.
Des incendies ont été allumés dans la rue, avec des palettes et des tas de déchets non ramassés incendiés, incitant les pompiers à intervenir, ont indiqué des correspondants de l’AFP.
Les CRS tentent de disperser la foule par des gaz lacrymogènes et chargés. Mais il y a plusieurs centaines de personnes. Derrière, ils sont eux-mêmes accusés. Affrontements en cours pic.twitter.com/ONYJ3S2D5w
– Victor Tassel (@victor_tassel) 23 mars 2023
Le tumulte suscité par l’imposition de la réforme, que le gouvernement a choisi de faire adopter sans vote au Parlement, s’est transformé en la plus grande crise intérieure du second mandat de Macron.
Les chiffres à Paris et dans d’autres villes semblaient plus élevés que lors des journées de protestation précédentes cette année, les protestations ayant reçu un nouvel élan suite au refus de Macron dans une interview télévisée mercredi de reculer sur la réforme.
Quelque 800.000 personnes ont défilé dans la capitale, selon le syndicat d’extrême gauche CGT, le nombre quotidien le plus élevé donné par les syndicats depuis le début du mouvement de contestation. La police, pour sa part, a déclaré avoir dénombré 119 000 manifestants prenant part aux manifestations à Paris. Au niveau national, le chiffre s’élevait à 3,5 millions selon la CGT et à 1,09 million selon le ministère français de l’Intérieur.
Plusieurs centaines de manifestants radicaux vêtus de noir brisaient les vitrines des banques, des magasins et des fast-foods, et détruisaient le mobilier urbain, ont constaté des journalistes de l’AFP.
La police a signalé 14 arrestations à 17 heures, heure locale.
Depuis que le gouvernement a imposé la réforme jeudi dernier, des manifestations nocturnes ont eu lieu dans toute la France, les jeunes coordonnant leurs actions sur les services de messagerie cryptés,
“Force excessive”
Agissant sur les instructions de Macron, la Première ministre Elisabeth Borne a invoqué la semaine dernière un article de la Constitution pour adopter la réforme sans vote parlementaire, déclenchant deux motions de censure au Parlement auxquelles elle a survécu.
Les manifestations de jeudi étaient les dernières d’une série d’arrêts à l’échelle nationale qui ont commencé à la mi-janvier contre les modifications des retraites.
Dans la ville méridionale de Marseille, Marine Danaux, 43 ans, a déclaré qu’elle avait amené son fils à la manifestation “pour qu’il se rende compte de ce qui se passe”.
Le ministère de la Transition énergétique a averti jeudi que l’approvisionnement en kérosène de la capitale et de ses aéroports devenait “critique” alors que les blocages dans les raffineries de pétrole se poursuivaient.
Des manifestations spontanées ont éclaté quotidiennement ces derniers jours, entraînant des centaines d’arrestations et des accusations de tactiques brutales de la part de la police.
Amnesty International s’est alarmée « du recours généralisé à une force excessive et des arrestations arbitraires signalés dans plusieurs médias ».
Macron a déclaré mercredi que les modifications des retraites devaient “entrer en vigueur d’ici la fin de l’année”.
Revenant sur des commentaires antérieurs selon lesquels les foules manifestant n’avaient “aucune légitimité”, il a déclaré que les manifestations organisées étaient “légitimes”, mais que la violence devait être condamnée et que les blocages ne devaient pas entraver l’activité normale.
Le roi Charles III du Royaume-Uni doit arriver dimanche pour sa première visite d’État à l’étranger en tant que monarchie.
Les syndicalistes du secteur public français ont averti qu’ils ne fourniraient pas de tapis rouges lors de la visite, mais les travailleurs non grévistes devraient les dérouler.
(Agences)