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Des groupes antiracistes et des syndicats d’enseignants en France ont demandé une enquête sur les raisons pour lesquelles la police française a demandé aux écoles de fournir des informations sur le nombre d’élèves absents lors de la fête musulmane de l’Aïd.
Le ministère de l’Intérieur a confirmé avoir demandé à certaines écoles de la ville de Toulouse, dans le sud-ouest, “d’évaluer” le taux d’absentéisme lors de la fête musulmane de l’Aïd al-Fitr, le 21 avril, mais il a réfuté les affirmations selon lesquelles cette demande constituait une recensement sur la foi.
Les lois françaises sur la laïcité interdisent la collecte de statistiques relatives à to l’ethnicité, les origines ou la religion, à de très rares exceptions près.
La police a envoyé des mails aux directeurs d’école de l’académie de Toulouse leur demandant combien d’élèves étaient absents ce jour-là dans le cadre d’une “demande des services de renseignement” pour calculer le pourcentage d’absentéisme… pendant la fête de l’Aïd”.
La demande a été faite directement aux écoles concernées, sans l’aval du rectorat de Toulouse.
“En aucun cas nous ne menons des enquêtes de ce genre”, a déclaré à l’AFP Mostafa Fourar, le recteur de l’académie.
“Dès que les chefs d’établissements et les directeurs d’écoles nous ont informés de cette demande, consignes ont été données de ne pas y répondre”, a indiqué le rectorat.
“Nous voyons cela comme une grave dérive, une stigmatisation des étudiants musulmans et une atteinte à leur liberté de conscience.”
“Propre enquête”
Des dirigeants d’associations et de syndicats ont exprimé leur inquiétude face à l’initiative de la police.
La demande de la police est “particulièrement choquante en ce qu’elle associe la pratique religieuse musulmane à la question de la sécurité”, a déclaré l’association de défense des droits de l’homme SOS Racisme, soulignant que la demande aux écoles émanait de la direction départementale de la sécurité publique (DDSP).
“Pour quelles autres fêtes religieuses le ministère de l’Intérieur demande-t-il une évaluation du taux d’absentéisme”, a demandé le groupe dans son communiqué de presse.
Le syndicat des enseignants Sud-Education a déclaré ne pas comprendre comment une telle initiative a pu voir le jour “sans avoir été discutée nulle part”.
L’Union des Mosquées de France a appelé à une “enquête appropriée”.
“Les familles doivent être dûment informées et rassurées du sort réservé aux informations données par certains directeurs d’écoles qui ont malheureusement répondu à la demande de la police”, a-t-il déclaré.
Très préoccupant est le fait que les services de renseignement français ont demandé aux directeurs d’école de Toulouse (sud de la France) de déterminer le nombre d’élèves musulmans absents pendant la fête musulmane de l’Aïd. pic.twitter.com/S1uPc2ZvTW
— Rim-Sarah Alouane (@RimSarah) 20 mai 2023
Répondant aux critiques, la secrétaire d’État à la Citoyenneté, Sonia Backès, a publié dimanche un communiqué dans lequel elle reconnaissait que le ministère de l’Intérieur avait fait la demande d’informations sur l’absentéisme, mais démentait toute volonté de classer les élèves selon leur religion.
“Le ministère étudie régulièrement l’impact de certaines fêtes religieuses sur le fonctionnement des services publics, notamment au sein du système scolaire”, elle a écritajoutant qu'”aucune donnée nominative n’a été demandée ou enregistrée à aucun moment”.
Selon un circulaire 2004les élèves sont tenus de maintenir une fréquentation scolaire régulière mais sont autorisés à prendre un jour de congé pour commémorer et participer à des fêtes religieuses, à condition que la demande est faite à l’avance.
(avec AFP)